Audition de Wassim Nasr, journaliste FRANCE 24 : quel avenir pour la Syrie ?
- Catherine DUMAS

- 2 oct.
- 2 min de lecture
Vice-présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, j'ai présidé, au nom du Sénateur Cédric Perrin, l'audition de Wassim Nasr, journaliste FRANCE 24, spécialiste des mouvements djihadistes et senior research fellow au Soufan Center à New York.

Nous avons accueilli, le 1er octobre, Wassim Nasr, l’un des observateurs les plus attentifs et des meilleurs connaisseurs du phénomène djihadiste au Moyen-Orient. Il a consacré de nombreux reportages et articles à l’État islamique et travaillé également sur les groupes actifs au Sahel.
Cette audition avait pour objet d’éclairer la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat sur la situation en Syrie.
Dès 2023, il s’est rendu à Idlib, dans ce qui n’était alors qu’une poche où vivotaient les groupes islamistes issus de la révolution syrienne, aux termes d’un accord passé en 2018 entre la Turquie et le régime de Bachar el-Assad. Il a ainsi été un témoin privilégié de l’émergence du chef du plus important de ces groupes, désigné par son acronyme arabe HTC : Abou Mohammad al-Joulani, aujourd’hui connu sous le nom d’Ahmad al-Sharaa.
Cet homme, ancien combattant d’al-Qaïda en Irak, a accédé au pouvoir en renonçant aux piliers de l’idéologie djihadiste : guerre à l’Occident et à Israël, rejet des États, ambition califale. Il a également dû convaincre les partenaires régionaux et les grandes puissances, en apportant le concours de HTC à la lutte des États-Unis contre Daesh, et en cherchant à rassurer sur les droits des minorités en Syrie.
Pour l’instant, ces promesses restent fragiles. Si la situation des Chrétiens ne semble pas s’être dégradée depuis décembre 2024, deux épisodes de grande violence posent question : la féroce répression d’une tentative de soulèvement d’éléments armés fidèles à l’ancien régime dans le pays alaouite, avec environ 1 300 morts, et les affrontements en juillet entre Druzes et Bédouins dans le Sud, où Israël est intervenu militairement.
Ces événements posent des questions essentielles :
Quelles conclusions faut-il tirer de ces épisodes tragiques ?
Les différentes composantes de la société syrienne sont-elles prêtes à construire un avenir commun, malgré les tendances centrifuges qui se font jour, au Sud et au Nord-Est ?
Inversement, les partenaires régionaux, à commencer par Israël qui a frappé à de nombreuses reprises des sites militaires syriens, et la Turquie qui a ses propres proxies dans le Nord sont-ils prêts à cesser leurs ingérences et à accepter une Syrie pleinement souveraine ?



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