Terres rares : un enjeu stratégique pour notre souveraineté, notre industrie et notre avenir
- Catherine DUMAS
- 28 mai
- 2 min de lecture
« Les métaux rares sont devenus les nouvelles ressources vitales de nos sociétés numériques et décarbonées. »
Ce mercredi 28 mai, j’ai pris la parole au Sénat dans le cadre du débat consacré aux terres rares et matériaux critiques. Un sujet à première vue technique, mais en réalité central pour l’avenir industriel, énergétique et géopolitique de notre pays.
Après avoir été relégué au second plan pendant plusieurs décennies, l’approvisionnement minéral redevient un enjeu fondamental. À l’heure où les transitions énergétique et numérique s’accélèrent, l’accès aux métaux critiques devient une condition incontournable de notre prospérité.
Nous devons nous préparer à une véritable "ruée vers les métaux". Les terres rares sont au cœur des technologies qui façonnent notre monde : batteries électriques, éoliennes, smartphones, équipements de défense ou calculateurs. Elles sont devenues presque aussi stratégiques que les ressources énergétiques.
Dans ce contexte, la France doit garantir à ses entreprises un accès sûr et compétitif à ces ressources. Aujourd’hui, cet accès est menacé par une concentration excessive des capacités d’extraction et de raffinage : la Chine contrôle près de 70 % de l’extraction mondiale et plus de 85 % du raffinage.
Face à cela, il nous faut réduire nos dépendances. Cela passe d’abord par l’exploitation de notre potentiel géologique, que l’on sait prometteur, notamment en Bretagne, en Normandie et dans le Massif central. Un inventaire des ressources a été lancé, mais il ne couvre encore que certaines zones. Il est urgent de l’étendre !
Notre objectif doit être clair, développer nos capacités d’extraction et de transformation, en recréant une filière nationale, responsable, de la recherche géologique jusqu’au raffinage.
Mais l’extraction seule ne suffira pas. Nous devons soutenir la recherche sur le recyclage des métaux critiques, aujourd’hui encore balbutiante. Les pertes sont énormes, les filières de tri quasi inexistantes. Nous devons investir dans l’innovation, l’éco-conception et la structuration de circuits de collecte.
Soyons lucides : l’autosuffisance est impossible. Les importations resteront nécessaires. Il nous faut donc diversifier nos sources, conclure des partenariats, et investir à l’international dans les capacités d’extraction et de transformation.
Notre approvisionnement en terres rares conditionnera notre souveraineté, notre prospérité et notre transition écologique. La concurrence mondiale sur ces ressources sera de plus en plus rude. Il est temps de mettre en place une stratégie globale fondée sur cinq piliers : prospection, extraction, raffinage, recyclage, et diversification des importations.
C’est à cette seule condition que la France pourra relever les défis à venir !
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