Je suis intervenue au Conseil de Paris, au nom de notre Groupe Changer Paris, pour dénoncer les problèmes de gestion du théâtre du Châtelet, récurrents depuis 2015, et aggravés en 2017 par la nomination de Ruth MacKenzie à la fonction de Directrice artistique.
Pour rappel, l'objet de l'association Théâtre Musical de Paris Châtelet, créée en 1979, a pour but d'assurer « la création et le fonctionnement d’un théâtre municipal consacré à l’art lyrique sous toutes ses formes, à la musique symphonique et instrumentale et à l’art chorégraphique. Le Théâtre musical de Paris a pour mission d’accueillir des manifestations de haute qualité et de favoriser leur accès au public le plus large».
Arrêtons-nous sur ces derniers mots : «favoriser leur accès au public le plus large».
Si j’en crois les journalistes de Télérama, dans un article du 28 août dernier,au sujet de la dernière directrice artistique, partie avec pertes et fracas après seulement une saison à la tête du théâtre, ils pointent la programmation artistique particulièrement médiocre.
« Aux yeux du public, c’est par la médiocrité de sa programmation qu’elle a brillé ».
Remémorons-nous le désastre que fut la réalisation de DAU, une plongée au cœur de l’Union soviétique, imaginée par un réalisateur ukrainien mégalomane, dont l’œuvre se voulait « totale ».
La promesse d’« expérience immersive », était d’inviter les spectateurs parisiens à un voyage dans l’URSS de 1938 à 1968. Ce fut à l’arrivée une véritable catastrophe, ponctué de problèmes techniques en cascade. Décor en chantier, attente de deux heures, audiophone promettant un parcours personnalisé jamais distribué. Mauvaise organisation, performances décevantes, méconnaissance du personnel. De nombreux spectateurs ont crié à l’arnaque.
Catastrophe financière, c’est certain.
En effet, le dépassement de cet « événement » DAU est chiffré à 541 000 euros par rapport au business plan du projet. Le théâtre s’était engagé pour une dépense maximale de 150 000 €.
Cela pourrait prêter à sourire, si les ressources du Châtelet ne provenaient pas des subventions municipales (pour 49 % de son budget), et donc des deniers des parisiennes et des parisiens.
Le montant de la subvention sollicitée en 2020 s’élevait tout de même à 15,8 millions d’euros !
Plus grave encore que des choix artistiques, somme toute subjectifs, des problèmes managériaux et financiers ont été pointés du doigt, par un audit mené par un cabinet indépendant.
L’appel à des prestataires extérieurs aurait creusé le déficit de l’institution de 3 millions d’euros !
Nous sommes tous bien conscients que l’épidémie de covid-19 a bouleversé le monde de la culture, et les programmations et représentations. Mais nous attendons, pour l’avenir, une gestion plus rigoureuse, et une reprise en main de ce lieu, autrefois synonyme de comédies musicales à succès, sous toutes ses formes.
Représentations qui avaient su trouver leur public, et ainsi remplir la mission originelle de ce théâtre : favoriser l’accès au public le plus large, et renouer avec la vocation musicale de ce théâtre.
J'ai ainsi demandé, au nom du groupe Changer Paris :
Que soit rendu public l'audit.
Que la Mairie rende des comptes sur son degré d'information, la raison du blanc-seing donné à Ruth MacKenzie, et donc sa part de responsabilité dans les difficultés actuelles de l'institution théâtrale la plus subventionnée de la Ville (en moyenne 16 millions d'euros par an).
Que soit précisé le montant réel des investissements de la mairie de Paris sur la durée des travaux, étant donné la baisse de subvention et le prélèvement de 2 millions du fonds de roulement ayant eu lieu pendant cette période.
Que soit explicitée la vision de l'exécutif municipal, notamment de la nouvelle adjointe chargée de la culture, concernant l'avenir de cet établissement de premier plan, aujourd'hui désertée par son public.
=> Pour voir mon intervention : ICI
Comments