Face à la crainte des professionnels au sujet de l'introduction de viande synthétique dans l'espace économique de l'Union européenne, j'ai demandé au ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation la position que souhaite défendre le Gouvernement français sur cette question.
Il est en effet primordial de sauvegarder notre élevage traditionnel. Nos éleveurs sont menacés par la fabrication de viande de substitution produite en laboratoire à partir de cellules souches.
L'association Euro-Toques, fondée en 1986 par plusieurs grands chefs européens dont Paul Bocuse, a d'ailleurs lancé une pétition pour soutenir l'élevage de qualité et refuser la viande de laboratoire.
Euro-toques est aujourd'hui coprésidée par Guillaume Gomez, ancien chef des cuisines de l'Elysée, aujourd'hui représentant personnel du président de la République auprès des acteurs et des réseaux de la gastronomie et de l'alimentation, et Michel Roth, un des Chefs les plus titrés de France. L'association représente aujourd'hui plus de 3500 chefs dans 16 pays européens.
Mais, pas besoin d'être cuisinier pour signer la pétition que vous pouvez retrouver ici.
Si notre gastronomie est mondialement reconnue pour sa qualité et sa diversité, c'est grâce à notre patrimoine culinaire riche où chaque région française fabrique des produits
d'exception, issus d'un savoir-faire ancestral, qui participent de la réputation de notre pays.
Refusons cette "viande" in vitro et défendons le travail de nos agriculteurs, de nos éleveurs et des professionnels des métiers de bouche qui maîtrisent l'art de la découpe, la maturation de la viande et qui réalisent une viande de qualité gustative à haute valeur nutritionnelle.
Cette défense de nos producteurs permettra de sauver notre agriculture paysanne et nos éleveurs de proximité. En préservant un élevage de qualité issu de petites exploitations avec des animaux élevés au pré et nourris au foin, nous participons aussi au respect de l'environnement et au bien-être animal.
J'attends donc de connaître les mesures envisagées par la France pour s'opposer à la fabrication ou l'importation de viande synthétique sur notre territoire.
Des travaux de recherche et développement sont en cours dans plusieurs pays portant sur la production de denrées à destination de l'alimentation humaine, obtenues par ingénierie tissulaire à partir de cellules souches animales.
Actuellement, ce type de produit n'est pas commercialisé dans l'Union européenne (UE). Le cas échéant, il entrerait dans le champ d'application du règlement européen UE 2015/2283 relatif aux nouveaux aliments.
Ce règlement s'applique en effet aux aliments qui, d'une part, ne bénéficient pas d'un historique de consommation au sein de l'UE et, d'autre part, sont produits à l'aide de nouveaux procédés de production. Un tel produit répondrait pleinement à ces caractéristiques.
Dès lors, il ne pourrait être mis sur le marché européen qu'après le dépôt d'un dossier d'autorisation auprès de la Commission européenne en vue de son évaluation par l'autorité européenne de sécurité des aliments et adoption d'une décision circonstanciée de la Commission, laquelle préciserait la dénomination applicable à ce produit.
Les autorités françaises seraient, le cas échéant, pleinement associées à l'adoption de cette décision.
A ce jour, aucune demande en cours d'autorisation de nouvel aliment ne concerne la mise sur le marché d'une denrée alimentaire issue de cultures cellulaires.
Le ministère de l'agriculture et de l'alimentation, avec l'ensemble du Gouvernement, reste particulièrement déterminé à assurer une alimentation saine et durable pour tous les Français et suivra avec attention le développement de nouvelles denrées alimentaires, en particulier au regard de la sécurité sanitaire et de la loyauté commerciale vis-à-vis du consommateur.
Parallèlement, le ministère de l'agriculture et de l'alimentation est pleinement mobilisé afin d'accompagner les éleveurs à la hauteur des enjeux économiques, environnementaux, climatiques et sanitaires.
L'élevage français est essentiel au bon développement économique, social et écologique des territoires et continuera d'être soutenu dans le cadre de la politique agricole commune. De plus, le volet "Transition agricole, alimentation et forêt" du plan de relance, doté de 1,2 milliard d'euros, contribuera fortement à la relance de l'agriculture française.
Produire en France est aussi l'opportunité de répondre aux hautes exigences des consommateurs français, en faveur d'une alimentation sûre, saine et attentive au bien-être animal. Ce volet du plan de relance comporte ainsi notamment des mesures en faveur de la modernisation des abattoirs, de la biosécurité en élevage et du bien-être animal, dotées de 250 millions d'euros.
Cette réponse du Ministre de l'agriculture appelle donc à ce que l'Union européenne s'empare de cette question fondamentale.
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