
Coup de chapeau au directeur du Mobilier national, Hervé Lemoine, pour l'implication de l'institution publique dans la relance de l'artisanat d'art et du design français.
Héritier du Garde-Meuble de la Couronne, créé en 1604 par Henri IV et réorganisé en 1663 par Louis XIV, cette institution pourvoit à l'ameublement des hauts lieux de la République et des différentes résidences présidentielles. Le Mobilier national a pour mission d'assurer la conservation et la restauration de ses collections, issue des achats et commandes destinés, hier aux demeures royales et impériales, aujourd'hui aux palais officiels de la République. Ces collections sont constituées de plus de 130 000 objets mobiliers ou textiles. Pour assurer la conservation de ses collections, le Mobilier national dispose de sept ateliers de restauration – tapisserie, tapis, tapisserie d’ameublement et tapisserie décor, menuiserie en sièges, ébénisterie et lustrerie-bronze – qui perpétuent une tradition et un savoir-faire d'excellence.
Outre la conservation, le Mobilier national dispose de centres de fabrication, voués à la tapisserie (les Gobelins à Paris dans le 13e arrondissement & à Beauvais dans l'Oise), au tapis (la Savonnerie de Lodève dans l'Hérault) et à la dentelle (au Puy-en-Velay en Haute-Loire et à Alençon dans l'Orne).
La particularité du Mobilier national est d'avoir perpétué la création tout au long de ces quatre siècles d'existence, à la différence des autres gardes-meubles royaux européens qui n'ont conservé que l'aspect restauration.
Ainsi, alors que la crise économique et sanitaire actuelle touche de plein fouet de nombreux professionnels artisans métiers d'art, et avec l'annulation des traditionnels salons autour des métiers d'art (Révélations, PAD, Salon du meuble de Milan...), le Mobilier national vient de s'engager dans la renaissance de la production française de laine. Aux côtés du collectif Tricolor, constitué de LVMH, Saint James, Le Slip Français, et de salons comme Première Vision et Maison&Objet, leur ambition est d'accroître de 4 % à 24 % la part de laine produite et transformée en France d'ici à 2024. Près de 7 millions de moutons sont élevés en France. Le directeur du Mobilier national souhaite à long terme un approvisionnement de l'institution à 100 % auprès de cette filière. C'est une excellente nouvelle pour la filière de traitement de la laine, générateur de milliers d'emplois en France.
Avec la crise, le directeur du Mobilier national a identifié 500 sous-traitants, PME, ateliers, artisans, designers, architectes d'intérieur que l'institution entend soutenir. L'institution s'engage ainsi dans un plan de relance de 1 million d'euros. Déjà lors du premier confinement au printemps, le Mobilier national avait lancé une campagne de restauration de 150 000 euros pour des pièces de la collection des années 1930 à 1950 afin d'aider les sous-traitants privés de clientèle.
Conscient du rayonnement des métiers d'art et de la richesse de ces savoir-faire dont certains risquent de disparaître (tels les bronziers, laqueurs, doreurs et marqueteurs), et grâce à l'impulsion du directeur Hervé Lemoine, l'institution regarde aussi vers l'avenir en s'ouvrant davantage aux designers et aux éditeurs de meubles (avec son Atelier de recherche et de création -ARC-). Créé il y a soixante ans, cet Atelier réalise pour l'Etat des prototypes d'excellence pour répondre aux nouveaux besoins des hôpitaux, maisons de la culture, logements, centres de vacances, prisons, etc.
Dernier grand projet de l'institution : l'ouverture de l'Hôtel de la Marine qui retrouve sa fonction d'origine. Situé place de la Concorde à Paris, ce lieu historique du Garde-Meuble de la Couronne avant de devenir le Ministère de la Marine, doit prochainement ouvrir ses portes au public afin de découvrir cette vitrine exceptionnelle de la richesse des métiers d'art.
Bravo aux équipes de cette institution, qui incarne le prestige de la tradition française, l'excellence d'un savoir-faire d’exception et la vitalité de la création artistique et du design contemporain.

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