La dernière séance de la session ordinaire au Sénat était consacré à la présentation du rapport de mes collègues Françoise Cartron et Jean-Luc Fichet : "Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France"
J'ai profité de ce débat pour attirer l'attention de Didier Guillaume, Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, sur le grave problème de dénutrition qui est devenu un véritable enjeu de santé publique dans notre pays.
On parle de dénutrition lorsque les apports alimentaires sont insuffisants à couvrir les besoins nutritionnels des personnes.
En France on estime à 2 millions le nombre de personnes souffrant de dénutrition.
En début de semaine, j’étais en visioconférence pour une réunion de travail avec des chefs comme Christian Tetedoie et Michel Guérard, des parlementaires engagés comme moi sur les dossiers liés à la table française et des médecins nutritionnistes ou exerçant auprès de personnes âgées ou de grands malades.
Il est ressorti de nos discussions que ce que l’on peut baptiser « malbouffe » à l’hôpital touche 10% des enfants malades, 20% des adultes hospitalisés, ce chiffre grimpe à 40% chez les patients cancéreux et plus de la moitié des personnes âgées hospitalisées.
En EHPAD, un tiers des résidents aurait besoin de mieux se nourrir.
Cette dénutrition a des conséquences concrètes, mesurables. On constate une augmentation de la durée de séjour à l’hôpital, des réadmissions non programmées et de la mortalité.
La dénutrition à l’hôpital, c’est d’abord un problème de budget. On dispose rarement de plus de 4 € de coût matière pour préparer, le petit-déjeuner, le déjeuner, un goûter et le diner !
C’est aussi un problème de formation. Les personnels qui travaillent en restauration collective, ne sont pas toujours sensibilisés aux problématiques diététiques spécifiques des personnes malades ou âgées pour qui elles préparent les repas. Nous devons bien les rémunérer et bien les former.
Les plats sont parfois mal adaptés à la situation des patients, peu appétissants, sans saveur, ni goût, alors que les plaisirs de la table font partir du rétablissement et participent au bien vieillir ensemble.
Ils sont donc souvent peu consommés et donc jetés avec des chiffres de 37 à 60% de gaspillage.
Ce problème sanitaire, social et environnemental est bien identifié. Il a fait l’objet de nombreux rapports. Dès lors, il faut passer aux actes !
Dans le cadre du PNNS , une semaine nationale relative à la dénutrition est prévue, du 12 au 19 novembre prochains. Ce doit être l'occasion de présenter un vrai plan d'actions pour améliorer la qualité des repas servis en collectivité, surtout lorsqu'il s'agit de nourrir nos ainés, nos enfants et ceux qui sont affaiblis par une opération ou la maladie.
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