Je suis intervenue, au nom du groupe Changer Paris, lors de la séance budgétaire du dernier Conseil de Paris de l'année.
Nombre d'élus de notre groupe, à commencer par notre présidente Rachida Dati, ont largement pris part, à travers des interventions ciblées sur les priorités des Parisiens, et toujours en lien étroit avec leurs arrondissements, à ce débat sur le budget 2021 présenté par la Ville de Paris.
Des interventions argumentées qui se sont traduites le plus souvent par des vœux crédibles et constructifs, intégrant le contexte sanitaire et économique, qui touche si durement la capitale.
Cela nous a conduit, avec toute la lucidité requise, à dénoncer à la fois les nombreuses dérives d'une gestion insincère et impécunieuse relevée dans le budget primitif, mais également à nous faire force de propositions pour soutenir tous les Parisiens confrontés à cette crise, dévastatrice pour l'activité économique.
Hélas nous n'avons pas été entendus par l'exécutif. Nous déplorons cette situation, et nous sommes inquiets à la lecture du budget préparé par la Ville.
Alors que la Maire de Paris a entamé une nouvelle mandature, et tandis qu'elle a présenté un budget lourdement déséquilibré (voir les graphiques ci-dessous), entassant dans sa hotte des promesses en tous genres, des décisions inopportunes et des dépenses inutiles, cette dernière refuse obstinément aux Parisiens l'unique cadeau qu'ils seraient en droit d'attendre pour leur ville, si durement touchée par ces mois terribles que nous avons vécus : celui de la vérité et de l'évaluation.
Pourquoi un tel dogmatisme systématique ? Pourquoi vouloir empêcher chaque contribuable parisien de connaître enfin la réalité de l'utilisation qui est faite de leurs impôts ?
Cela fait 20 ans que la Maire de Paris écarte toutes les demandes d'audit indépendant des finances de la Ville, 20 ans qu'elle confond -à dessein- un véritable audit, une véritable évaluation avec la notation annuelle des agences spécialisées, qui sont d'ailleurs rémunérées par la Ville !
Vingt ans après, nous n'avons toujours pas d'audit. Cependant, les chiffres demeurent. Et ces indicateurs attestent d'une situation budgétaire alarmante. Ils devraient infléchir la certitude de la Maire de Paris.
Le chiffre de la dette est sidérant, elle a quadruplé quand Madame Hidalgo était première adjointe, et depuis 2014, elle s'est accrue de près de 3 milliards d'euros pour atteindre des profondeurs abyssales, une performance !
Quant aux projections à venir, elles sont monstrueuses, comme l'ont signifiées Rachida Dati et Marie-Claire Carrère Gée, Présidente de la commission des Finances.
La fiscalité de la Ville se résume en une course effrénée à de nouvelles taxes au gré des bonnes grâces de l'Etat. Ce sont les limites du "en même temps", lequel d'une main généreuse renouvelle l'autorisation -pourtant si critiquable- de ponctionner les bailleurs sociaux par des loyers capitalisés depuis 2016, soit près de 1 milliard 200 millions d'euros, et qui, de l'autre, plus sévère, dit STOP à l'augmentation de la surtaxe sur les résidences secondaires, et surtout STOP à une remontée du curseur des droits de mutation.
Ce qui frappe dans ce budget, c'est l'absence de réelle stratégie budgétaire et financière.
Pas de plan d'économies pour ramener la Ville à une gestion saine et financière.
Pas de plan de désendettement crédible et structurant.
Pas de plan de mobilités pour répondre à l'anarchie de la circulation.
Pas de plan d'urgence pour améliorer la propreté et réparer la voirie parisienne si défectueuse.
Pas de plan de mobilisation de l'offre de logement pour les classes intermédiaires et toutes celles et ceux qui œuvrent au quotidien au service des Parisiens, les policiers, les pompiers, les personnels de santé et de l'éducation.
Avec le manque d'ouverture d'esprit qui caractérise l'exécutif, la Maire de Paris a ainsi repoussé tous les vœux de notre groupe porteurs de ces propositions.
Au lieu de cela, nous avons appris par la presse que la Mairie de Paris comptait créer une Société d'économie mixte (SEM) Energies. Sur un tel sujet, nous aurions aimé débattre de ses contours et de ses objectifs. Nous avons également appris, par les médias, l'installation d'une antenne de la police municipale dans les locaux d'une école maternelle du 10e arrondissement qu'on ferme sans réelle concertation avec la communauté scolaire.
On parle du fait du prince, en l'occurrence il s'agit surtout de la politique du fait accompli, mais vous n'en avez cure, les Parisiens paieront !
Pour toutes ces raisons, notre groupe n'a pas voté ce budget primitif 2021 car nous nous opposons à un tel mépris des besoins et des aspirations légitimes des parisiens.
Quand la Maire de Paris comprendra-t-elle que les Parisiens méritent, fort des difficultés innombrables qu'ils ont connues en 2020, et qu'ils vont encore endurer en 2021, une autre politique pour notre ville ? Une politique qui exige un budget exemplaire de transparence et de dynamisme, recentré autour des priorités évoquées plus haut. Un budget au service de l'attractivité et du savoir-faire admirable de ses acteurs économiques, du rayonnement culturel et de la qualité de vie des parisiens.
Il y a urgence à agir.
コメント