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  • Photo du rédacteurCatherine DUMAS

58e anniversaire des relations franco-chinoises à la CCI Paris-Ile de France international


De gauche à droite : Jean-Pierre Lafon, ambassadeur de France en Chine de 2002 à 2004, S.E.M. LU Shaye, ambassadeur de Chine en France, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, Mme HE Liqin, DG de la Banque de Chine en France et présidente de la CCICF

Vice-présidente du groupe d’amitié interparlementaire France-Chine du Sénat, j’ai assisté à une rencontre des réseaux Chine, le cercle des exportateurs français en Chine et des chefs d’entreprises chinois implantés en France, organisée à la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France international.


Après deux ans de pandémie, la Chine entre dans l’année du tigre d’eau. Avec la politique de « zéro Covid », les chinois se sont adaptés à un monde nouveau. Leurs habitudes de consommation et leurs modes de vie sont dictés par les annonces sanitaires.


L’année 2022 sera-t-elle différente ? Après 58 ans de relations cordiales avec la Chine, la France a-t-elle un rôle à jouer ?


Au-delà des tensions, un sujet rapproche incontestablement les grandes puissances : l’urgence climatique. Mais le dialogue sera-t-il suffisant ? Comment préparer l’avenir dans un monde de plus en plus fragmenté ?


Après une pause, les investissements chinois en France semblent prendre un nouvel essor.

Inaugurée par le nouveau président de la CCI Paris Ile-de-France, Dominique Restino, cette matinée d’échanges, à l’occasion du 58e anniversaire des relations franco-chinoises, a permis à Jean-Pierre Raffarin, président de la Fondation Prospective et Innovation, ancien Premier ministre, Son Excellence M. LU Shaye, ambassadeur de Chine en France, Jean-Pierre Lafon, ambassadeur de France et Mme HE Liqin, directrice générale de la Banque de Chine en France, et présidente de la CCICF de partager leurs points de vue et répondre aux questions des entrepreneurs français.


Jean-Pierre Raffarin s’est exprimé sur le thème « Peut-on encore parler d’un partenariat stratégique entre la France et la Chine ? »


Voici un résumé de l’intervention de Jean-Pierre Raffarin :


"L’absence de contact personnel manque à notre travail commun et à nos stratégies.


Je voudrais faire 3 remarques :

  • Le sujet chinois n’est pas un sujet d’actualité, c’est un sujet d’Histoire. Le dialogue des civilisations est très important pour la compréhension des peuples et pour notre avenir. On peut avoir des désaccords politiques, on doit avoir du respect pour les civilisations. C’est un point essentiel dans nos relations.

  • Nous sommes dans une situation internationale troublée. Il est préoccupant de voir qu’avec ce virus qui ne tient pas compte des frontières, on aurait pu penser (comme ça a été le cas en 2008) que cette crise internationale allait générer de la coopération, mais finalement nous nous sommes tous repliés derrière nos frontières et nous avons un virus qui est plus multilatéral que nous. Cette crise a généré moins de coopération que les crises précédentes. Il faut être vigilants sur ces sujets-là, nous avons besoin d’une organisation multilatérale, nous avons fragilisé pendant un certain temps nos outils multilatéraux comme l’OMS, comme l’Unesco, comme l’OMC... Le multilatéralisme a aujourd’hui 75 ans et il fait son âge, il nous faut le réinventer. La Chine comme l’Europe devront être autour de la table pour inventer ces nouvelles coopérations.

C’est une leçon directe de la pandémie : nous avons besoin de penser ensemble l’organisation du monde. On entend un retour dans notre vocabulaire de la souveraineté. Mais la souveraineté intégrale est une utopie. La Chine a pris son envol pour son retour à son statut de puissance quand elle a choisi la logique de réforme et d’ouverture. Quels sont les éléments majeurs pour la France en matière de souveraineté ? Nous voulons une souveraineté solidaire : une souveraineté sur nos priorités nationales en premier cercle, la souveraine européenne en deuxième cercle (intelligence artificielle, transition écologique, révolution digitale...), et en troisième cercle la souveraineté à négocier par partenariat, par accord et capacité d’entente dans le cadre de contrats stratégiques. Dans cette situation post-pandémique, réfléchissions à nos systèmes de coopération et voyons comment intégrer cette part de souveraineté qui doit être aujourd’hui au cœur de la politique, à condition qu’on soit assez lucide pour ne pas promettre la souveraineté intégrale qui est le protectionnisme, l’enfermement et l’affaiblissement terrible des nations. La logique Européenne doit faire en sorte que l’Europe pilote elle-même sa relation avec la Chine. Nous devons être maîtres de notre relation avec la Chine.

  • Deux sujets sont particulièrement importants :

  1. La planétisation : nous avons eu un accord fondamental sur la COP21 avec la Chine, la Chine s’est engagée fortement sur ce sujet. Dans les débats qui nous animent aujourd’hui, un sujet est un sujet d’avenir et a le soutien des sociétés civiles : le « consensus de Paris » pour faire face aux changements climatiques et aborder la stratégie de transition climatique. Un sujet politiquement important parce que les grandes nations et les sociétés civiles sont d’accord sur ce sujet. Quel était le grand consensus qui a forgé la coopération internationale avant celui-ci ? C’était le consensus de Washington (création du FMI et de la banque mondiale) qui était de mettre la performance économique au cœur de toutes les stratégies. Mais au fond cette stratégie-là n’avait pas le soutien des populations. Elle avait le soutien des stratèges mais pas de la société civile. La planétisation aujourd’hui a le soutien de la société civile, les jeunes ont la même vision, ils sont citoyens de la même planète. Cette idée est aussi forte en Chine qu’en France et c’est un sujet sur lequel nous devons bâtir des partenariats. La conscience que la planète est devenue un objet politique est un sujet essentiel. Beaucoup de gens se définissent par cette communauté de destin qui nous rassemble.

  2. Le sujet africain : l’Europe ne sera pas heureuse si l’Afrique est malheureuse. Les problèmes de migration sont aujourd’hui déjà posés, sur l’Afrique il y a aujourd’hui des exigences extraordinaires, un milliard de jeunes africains à intégrer dans l’économie mondiale dans les cinquante ans qui viennent. Nous n’avons pas seuls les moyens d’être le partenaire stratégique et financier de l’Afrique. La Chine a besoin de l’Afrique mais a en même temps une expérience avec des difficultés et des forces. Nous pouvons travailler sur ces sujets, travailler Europe-Chine avec l’Afrique pour un développement des Africains et pour l’équilibre du monde. Il faudra envisager une coopération multilatérale Europe–Afriqu

Ne pas vouloir coopérer avec la Chine c’est ne pas voir ce qu’est l’avenir, y compris pour nos propre enfants. La Chine est une civilisation très ancienne, et ce sera la première économie du monde dans le courant de ce siècle. Nous avons cette exigence de coopération mais aussi de dialogue franc."


=> Pour voir le replay de cette rencontre :


  • Intervention de Dominique Restino à partir de 5’25

  • Intervention de Jean-Pierre Raffarin à partir de 21’30


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